HOMELAND : L’Amérique retournée

Après huit ans de captivité en Irak, Nicholas Brody, un soldat des Marines est libéré lors d’une opération militaire. Il revient en héros dans son pays, et retrouve sa famille, qui ne comptait plus sur son retour après qu’il ait été déclaré mort par l’administration. Dans le même temps, la CIA apprend qu’un Marine a été « retourné » par Al Quaïda pour commettre un attentat. Brody, est-il un héros ou un futur bourreau ?

Classification : 4 étoiles

Regardé par le rédacteur : Intégralité des saisons 1 à 3

Pourquoi regarder absolument Homeland ?

Intouchable et infiltré au sommet de l’Etat

Au même titre que les sérial-killer, la menace terroriste est une obsession récurrente, de plus en plus lassante (sauf exceptions), dans les fictions américaines. Bien que le feuilleton 24 heures ait semblé faire le tour de cette question en atteignant un niveau de paranoïa souvent jubilatoire pour le téléspectateur durant huit saisons, Homeland renouvelle le genre en abordant la thématique avec une approche originale : et si l’ennemi de l’intérieur dormant était cette fois un pur américain ?

Mieux, un héros que l’on cherche toujours à exhiber en compagnie des plus puissants des États-Unis pour valoriser leur image. C’est-à-dire un être intouchable, infiltré jusqu’au sommet de l’État et capable de nuire en masse grâce à la technique favorite des services secrets américains : le retournement d’agent ennemi.

Handicap caché à la CIA

Dès le premier épisode, cette théorie en apparence saugrenue est posée de manière crédible. Après huit ans de captivité, Nicholas Brody (Damian Lewis), soldat des Marines qui a participé à l’invasion de l’Irak en 2003, est délivré lors d’une opération militaire. Il revient au pays, où sa famille, informée de son décès, a recomposé sa vie. Notamment sa femme, Jessica, amante de son meilleur ami, Mike Faber… Parallèlement, Carrie Mathison (Claire Danes), agent de la CIA, apprend par une de ses sources, et sans plus de précision, qu’Al Quaïda a « retourné » un soldat américain pour commettre un attentat d’ampleur.

Intuitivement persuadée qu’il s’agit de Brody, elle se heurte à une hiérarchie incrédule devant cette hypothèse d’autant plus gênante qu’elle remet en cause le plan marketing de retour en fanfare prévu par le gouvernement. Dans ce combat engagé avec un handicap caché à la CIA (elle souffre d’un trouble du comportement), elle peut toutefois compter sur son supérieur direct, son ami Saul Berenson (Mandy Patinkin), pour tenter d’empêcher un acte aussi spectaculaire, hélas en plus sournois, que l’attaque du 11 septembre 2001.

Des acteurs déjà remarqués dans de précédentes séries

Avec une intrigue forte, nourrie de nombreux rebondissements, Homeland réussit à captiver en permanence sans jouer de sur-effets. D’une part, en entretenant très longuement le suspense sur la vraie question initiale : Brody agit-il ou non contre les intérêts américains ?

D’autre part, en proposant des personnages communs face à des choix complexes, dont on investit l’histoire et la réflexion personnelles, et qui sont brillamment interprétés par des acteurs déjà remarqués, voire distingués, pour un rôle majeur tenu dans des séries n’ayant pas toujours eu la reconnaissance qu’elles méritaient lors de leur diffusion en France : Angela 15 ans (sur l’intimité d’une adolescente dès le milieu des années 90) pour Claire Danes, Chicago Hope ou La Vie à tout prix (la concurrente d’Urgences aux États-Unis, achetée et « placardisée » par France 2 alors qu’elle évoquait intelligemment les états d’âme des médecins) pour Mandy Patinkin, Frères d’armes et Life (un policier injustement condamné pour un crime et qui reprend du service après 12 ans de prison ; déjà une longue captivité…) pour Damian Lewis.

Le goût toujours immodéré de la CIA pour des actes immoraux

Homeland s’inscrit ainsi comme l’anti-24 Heures dans la forme : une intrigue de fond qui reste identique, peu de scènes d’actions pour privilégier la tension psychologique, une prise de vues limitant les plans serrés comme pour montrer que toute situation ne peut être appréciée que dans sa globalité, et une priorité donnée au développement des histoires d’amour ou d’amitié, l’autre fondement de l’Histoire avec l’argent. Ce feuilleton donne une image dévastatrice de la gestion des États-Unis : des politiques prêts à tout pour leur carrière, la sauvegarde des apparences comme mode d’élévation dans la société américaine et le goût toujours immodéré de la CIA pour des actes immoraux.

L’allusion par l’un des personnages au film de Sergio Leone, Il était une fois en Amérique, terme d’une trilogie du réalisateur montrant l’envers de la conquête américaine sous un angle peu glorieux, n’est en aucun cas innocente. Elle indique combien Homeland a l’intention de montrer qu’aujourd’hui, comme hier, ce qui compte dans l’Histoire, ce n’est pas son sens, mais uniquement ce que le grand public doit en retenir. Et que dans l’existence, les sentiments sont toujours plus grands que les actes, aussi influants sur une population soient-ils.

François Simoneschi

Mise en ligne : vendredi 20 décembre 2013 / Révision : samedi 31 mai 2014

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Comment regarder Homeland ?

Comme il s’agit d’un feuilleton, il faut impérativement regarder les épisodes dans l’ordre chronologique. La subtilité des rapports entre les personnages, qui peuvent évoluer rapidement, ne permet pas d’en manquer un seul.

Y a-t-il une fin ?

Pour l’instant, non. Une quatrième saison sera tournée durant le second semestre 2014.

Temps forts et temps faibles

La première saison est haletante, avec un final pouvant être le terminus de la série. La seconde saison est plus longue à démarrer. Toutefois, sa construction réserve de nombreuses surprises, jusqu’au dernier épisode, extrêmement bien amené. Quant à la troisième saison, elle est particulièrement éprouvante pour les personnages principaux de ce feuilleton et se termine sur un cliffhanger extrêmement fort et inattendu.

À quel public s’adresse-t-elle ?

À un public passionné par l’actualité. Ainsi qu’aux couples. Les publics masculin et féminin seront en effet comblés par cette série, car la thématique de l’espionnage n’existe qu’à travers les sentiments et les choix humains des principaux personnages.

Si vous avez aimé, vous pouvez regarder dans le même genre : 24 heures chrono.

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Fiche technique de Homeland (suite)

Producteurs exécutifs : Michael Cuesta, Howard Gordon, Alex Gansa, Avi Nir, Gideon Raff, Ran Telem, Chip Johannessen et Alexander Cary

Musique : Sean Callery

Production : Michael Klick, Katie O’Hara, Henry Bromell et Meredith Stiehm

Distribution

Claire Danes : Carrie Mathison

Damian Lewis : Nicholas Brody

Mandy Patinkin : Saul Berenson

Morena Baccarin : Jessica Brody

Diego Klattenhoff : Mike Faber

Jackson Place : Chris Brody

Morgan Saylor : Dana Brody

Rupert Friend : Peter Quinn

David Harewood : David Estes

Jamey Sheridan : William Walden

David Marciano : Virgil

Navid Negahban : Abu Nazir

F. Murray Abraham : Dar Adal

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Épisodes de Homeland

Première saison (2011)

1 1.01 Le Retour (Pilot)

2 1.02 Étroite surveillance (Grace)

3 1.03 Dans le rang (Clean Skin)

4 1.04 Toujours fidèle (Semper fi)

5 1.05 Angle mort (Blind Spot)

6 1.06 Aveux (The Good Soldier)

7 1.07 Le Week-end (The Weekend)

8 1.08 Le Talon d’Achille (Achilles Heel)

9 1.09 Tirs croisés (Crossfire)

10 1.10 L’Appât (Representative Brody)

11 1.11 Obsessions (The Vest)

12 1.12 Électrochocs, première partie (Marine One [1/2])

13 1.13 Électrochocs, deuxième partie (Marine One [2/2])

Deuxième saison (2012)

14 2.01 Fin de convalescence (The Smile)

15 2.02 Retour sur le terrain (Beirut Is Back)

16 2.03 Sale Journée (State of Independence)

17 2.04 Nouvelle Collaboration (New Car Smell)

18 2.05 Vérités et Mensonges (Q&A)

19 2.06 Exécution sur mesure (A Gettysburg Address)

20 2.07 Une partie de campagne (The Clearing)

21 2.08 Double Jeu (I’ll Fly Away)

22 2.09 Agent double (Two Hats)

23 2.10 En plein cœur (Broken Hearts)

24 2.11 La Traque (In Memoriam)

25 2.12 Le Choix (The Choice)

Troisième saison (2013)

26 3.01 En ligne de mire (Tin Man Is Down)

27 3.02 Haute trahison (Uh… Oh… Ah…)

28 3.03 La tour de David (Tower of David)

29 3.04 Les dés sont lancés (Game On)

30 3.05 Double jeu (The Yoga Play)

31 3.06 Ça passe ou ça casse (Still Positive)

32 3.07 Passe d’armes (Gerontion)

33 3.08 En quête de réponses (A Red Wheelbarrow)

34 3.09 Pour l’honneur (One Last Time)

35 3.10 Demande d’asile (Good Night)

36 3.11 Opération Téhéran (Big Man In Tehran)

37 2.12 Héros malgré tout (The Star)