JO : Vive les années 90
Classification : 0 étoile.
Regardé par le rédacteur : Trois premiers épisodes.
Jo Saint-Clair est un grand flic, un de ceux que ses hommes admirent, que les victimes apprécient pour son humanité et que les meurtriers craignent. Jo Saint-Clair sait tout, voit tout et comprend tout. Mais Jo Saint-Clair a des failles : en plus d’être accro aux médicaments, il tente désespérément de se rapprocher de sa fille, elle-même droguée. Heureusement, les meurtriers agrémentent sa tâche d’enquêteur en assassinant leur victime au pied des plus célèbres monuments parisiens.
Pourquoi éviter Jo ?
Reno, Paris et l’anglais
Jo est l’archétype de la série fabriquée de toutes pièces pour plaire au plus grand nombre et être vendue dans un maximum de pays. C’est la raison pour laquelle elle a été tournée en anglais, qu’on a fait appel à Jean Reno pour incarner Jo et que Paris a été choisie comme décor. Plus qu’un décor puisque tous les crimes sont perpétrés devant ou dans un monument de la capitale filmée pour la cause comme un film publicitaire de l’office de tourisme local. Il en résulte un produit sans saveur et sans originalité, tellement passe-partout qu’il est presque difficile de le trouver mauvais.

Tous les péchés du monde sur les épaules
Il y a pourtant de quoi. Au-delà de l’invraisemblance des situations (on a du mal à croire que les assassins apprécient autant l’architecture parisienne), les dialogues frôlent l’indigence et véhiculent même des blagues belges nauséeuses (« nos collègues de Mol doivent s’imaginer qu’être flic est un boulot à mi-temps »). Jo est si intuitif qu’il est capable en jetant un seul coup d’œil à un cadavre d’en conclure qu’on lui a percé les tympans ! Jean Reno surjoue un flic noyé dans son humanité et son humilité et fait de lui une âme en peine portant sur les épaules tous les péchés du monde.
Dans les enquêtes qu’il dirige, il n’est question que d’époux pervers, de maîtresses bafouées cherchant vengeance, d’enfants cachés et de pratiques sexuelles déviantes. C’est très loin d’être suffisant pour donner du tonus à la mécanique mise au point par René Balcer (producteur de New York Police judiciaire et de ses dérivées) dont on se demande ce qu’il est venu faire dans cette galère.

Années 90 : la récidive
Le résultat est très curieux. Malgré la progression très rapide de l’enquête et l’empilage de scènes, se dégage une étrange impression de retour vers le passé. Les emprunts aux codes des années 90 sont criants : musique, pénombre, mise en scène, personnages perdus dans d’immenses et luxueux appartements, tout contribue à rappeler l’esthétique des fictions françaises d’il y a une quinzaine d’années et que l’on pensait disparue à jamais.
TF1 se tire une balle dans le pied
La version diffusée en France est le résultat d’un saccage en règle de la part de TF1. La chaîne, toujours soucieuse de son public, a prétendu que la version livrée par René Balcer était trop sombre. Elle a donc modifié la musique du générique, retravaillé les couleurs (à quand Notre-Dame peinturlurée en rose fluo ?), changé l’ordre de diffusion des épisodes et même réincorporé des scènes que Balcer avait jetées au panier à cause de leur médiocrité. C’est bien connu, nous, petits Français religieusement scotchés devant notre première chaîne bien-aimée, sommes trop sensibles à la noirceur du monde et assez bas de plafond pour avaler des séquences ratées qu’un showrunner avait choisi de ne pas infliger aux spectateurs.

Résultat : Jo a reçu en France un accueil beaucoup plus glacial qu’ailleurs de la part de la critique tandis qu’au fil des épisodes, les bas de plafond fuyaient sur d’autres chaînes. TF1, entièrement responsable du fiasco, n’a donc pas renouvelé la série pour une deuxième saison. Et ce n’est pas plus mal.
Christophe Petit
Mise en ligne : mercredi 15 janvier 2014 / Révision : vendredi 8 août 2014
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Comment regarder Jo ?
Dans l’ordre, pour suivre l’évolution des relations entre Jo, sœur Karyn et Adèle.
Y a-t-il une fin ?
Pas vraiment. La série a été annulée par TF1 alors que le tournage de la saison 2 était sur le point de commencer.
À quel public s’adresse-t-elle ?
En premier lieu aux fans de Jean Reno, puis les amateurs de séries policières peu exigeants.
Si vous avez aimé, vous pouvez regarder dans le même genre :
À peu près toutes les séries policières françaises estampillées TF1.
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Où voir Jo ?
DVD : L’intégralité de la série est disponible en DVD.
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Fiche technique de Jo (suite)
Producteur exécutif : René Balcer
Producteurs délégués : Klaus Zimmermann, Olivier Bibas, Alfred Lot
Musique du générique : Light Up composée par Matei Bratescot
Musique : Thomas Hass Christensen
Production : Atlantique Productions, TF1, Red Arrow International (SevenOne International), Sat.1 Satelitten Fernsehen GmbH, ORF, RTS (Radio Télévision Suisse), Stromboli Pictures / RTBF (Télévision belge)

Distribution
Jean Reno : Jo Saint-Clair
Tom Austen : Marc Bayard
Jill Hennessy : Sœur Karyn
Orla Brady : Béatrice Dormont
Chris Brazier : Yannick Morin
Heida Reed : Adèle Saint-Clair
Celyn Jones : Nicolas Normand
Wunmi Mosahu : Angélique Alassane
Sean Pertwee : Charlie
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Épisodes de Jo
Saison unique (2013)
Ordre de TF1
1. Notre-Dame
2. Place de la Concorde
3. Invalides
4. Pigalle
5. Place Vendôme
6. Le Marais
7. Opéra
8. Les Catacombes
Ordre international
1. Notre-Dame
2. Pigalle
3. Place de la Concorde
4. Invalides
5. Place Vendôme
6. Le Marais
7. Opéra
8. Les Catacombes