LES KENNEDY : Controverse historique sur l’indicible
Classification : 2 étoiles
Regardé par le rédacteur : Intégralité de l’unique saison
Sans complaisance à l’égard de l’image positive livrée au peuple américain par les médias de l’époque, cette minisérie retrace le parcours mouvementé de la famille Kennedy, dont l’ADN semble s’être toujours forgé autour de conquêtes politiques et féminines. Elle livre une lourde part d’ombre, sans toujours se soucier de la vérité historique.
Pourquoi jeter un œil sur Les Kennedy ?
Troisième guerre mondiale évitée
En 1960, John Fitzgerald Kennedy devient le plus jeune président des États-Unis, le premier catholique, et devance Nixon de 120 000 voix seulement. Trois ans plus tard, il connaît le même sort qu’Abraham Lincoln, James Abram Garfield et William McKinley : il est assassiné, à Dallas, Texas. Il est aujourd’hui moins connu pour avoir évité une Troisième guerre mondiale que pour ses supposées frasques amoureuses.

Ruses politiques peu fair-play
Avec la désintégration de l’image des politiques, il est devenu possible d’écorner la légende de JFK, près de cinquante ans après sa disparition, dans une fiction populaire. Les Kennedy réussit le pari de faire revivre, de l’intérieur, la présidence du président américain le plus prometteur, et qui a peut-être payé de sa vie sa volonté d’indépendance vis-à-vis de la CIA et son combat contre la Mafia, si l’on en croit la théorie du juge Garrison.

Cette minisérie en huit épisodes commence le jour même de l’élection de John Fitzgerald Kennedy, avec un flashback sur ses débuts imprévus en politique. Après que Kennedy père, ambassadeur au Royaume-Uni de Grande-Bretagne juste avant la Seconde Guerre mondiale a échoué à succéder à Roosevelt, apparemment victime de l’aveuglement collectif européen sur les intentions d’Hitler, c’est l’aîné de la famille qui était programmé pour réaliser ce rêve… avant de disparaître en mission au-dessus de l’Allemagne. Il faut alors préparer un homme qui n’a jamais songé au pouvoir, quitte à utiliser des ruses peu fair-play comme envoyer en tant que candidat l’homonyme du concurrent le plus direct.
Concision et efficacité du scénario
Le recours au docteur Miracle pour soulager les douleurs dorsales du président, les relations douteuses avec Sam Giancana par l’entremise de Francis (devenu Franck) Sinatra, le goût immodéré de JFK pour les femmes, les velléités de départ de Jacqueline quelque temps après le mariage, les liens entre Bob Kennedy et sa belle-sœur une fois devenue veuve, la volonté de Bobby de reprendre le pouvoir pour annihiler l’improbable théorie du tireur isolé (et dont il sera également victime)… Dans la longue série des secrets d’État dont nous ne connaîtrons sans doute jamais la réelle part de vérité de notre vivant, cette minisérie ne nous épargne que la théorie du complot lors de l’assassinat, refusant de prendre position comme Oliver Stone l’a réussi de façon édifiante dans le film JFK, et traitant l’évènement de manière elliptique.

La bonne et le père
Cette fiction, produite par la société de Joël Surnow (cocréateur de 24 heures chrono), républicain revendiqué, a été conspuée par nombre d’historiens, reprochant de nombreuses inexactitudes et une image peu flatteuse de la famille Kennedy. Elle ne manque pourtant pas de qualités : choix et jeu des acteurs (répondant à une juste alliance entre le physique et le talent), concision et efficacité du scénario pour résumer l’intensité de trois ans de pouvoir en huit heures, et mise en perspective de l’ambiance familiale et des décisions politiques. On pense, par exemple, à cette incroyable scène où la bonne des Kennedy, avant de quitter la maison du clan, embrasse langoureusement Kennedy Père, devant sa femme qui, impassible, lui conseille de se couvrir d’une petite laine avant d’aller affronter le froid. Sans promettre une infinie délectation, Les Kennedy mérite l’intérêt de tous ceux qui s’intéressent à l’Histoire et donc, forcément, à la réalité des évènements qu’on ne peut traduire que partiellement dans les ouvrages à destination des écoliers, faute de les effrayer si tôt sur la réalité de l’existence.
François Simoneschi
Mise en ligne : vendredi 10 janvier 2014 / Révision : vendredi 8 août 2014
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Comment regarder Les Kennedy ?
Dans l’ordre, de préférence, puisqu’elle respecte la chronologie de la saga des Kennedy. Mais si l’on a de bonnes connaissances historiques, on peut aisément prendre cette minisérie en route. Attention, les deux premiers épisodes sont construits autour d’un flashback, réalisé à partir du jour de l’élection de JFK.
Y a-t-il une fin ?
Oui. Non pas à Dallas, mais à Los Angeles, avec l’assassinat de Bobby Kennedy, toujours officiellement commis par un tueur isolé…

À quel public s’adresse-t-elle ?
Aux amateurs d’histoire, de politique et de biopic.
Si vous avez aimé, vous pouvez regarder, dans un tout autre genre : MI-5, dont la vérité hélas historique – toute ressemblance avec des personnages existants ou ayant existé restant naturellement fortuite – reste encore difficile à entendre…
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Fiche technique des Kennedy (suite)
Production : Michael Prupas, Joël Surnow, Jonathan Koch, Steve Michaels, Jon Cassar, Jamie Paul Rock

Distribution
Greg Kinnear : John F. Kennedy
Katie Holmes : Jacqueline Kennedy
Barry Pepper : Robert F. Kennedy
Tom Wilkinson : Joseph Patrick Kennedy
Diana Hardcastle : Rose Fitzerald Kennedy
Chris Diamantopoulos : Frank Sinatra
Enrico Colantoni : J. Edgar Hoover
Charlotte Sullivan : Marilyn Monroe
Serge Houde : Sam Giacana
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Épisodes des Kennedy
Unique saison (2011)
1 1.01 La revanche de Joe, partie 1 (A Father’s Great Expectations)
2 1.02 La revanche de Joe, partie 2 (Shared Victories, Private Struggles)
3 1.03 Nous contre eux (Failed Invasion, Failed Fidelit)
4 1.04 Qui est le responsable ? (Broken Promises and Deadly Barriers)
5 1.05 Condamnations à perpétuité (Moral Issues and Inner Turmoil)
6 1.06 À deux doigts de la catastrophe (On the Brink of War)
7 1.07 Lancer et Lace (The Countdown to Tragedy)
8 1.08 En amour avec la nuit (The Aftermath: A Family’s Curse of Misfortune and Heartbreak)