MEURTRES AU PARADIS : Triomphe de la logique… et de l’humour british
Classification : 3 étoiles
Regardé par le rédacteur : Intégralité des trois saisons.
Envoyé résoudre une affaire interne à son service dans l’île fictive de Sainte-Marie, Richard Poole va devoir patienter avant de retrouver le paradis sur Terre, sa Grande-Bretagne natale.
Incapable de s’adapter au rythme et à l’ambiance des Caraïbes et contraint de collaborer avec une superbe enquêtrice française (Camille), il va connaître un calvaire personnel, heureusement entrecoupé de son seul plaisir personnel : la résolution de meurtres en apparence parfaits.
Pourquoi voir avec plaisir
Meurtres au paradis ?
Le retour de l’intuition
La police technique et scientifique n’a cessé de révolutionner les méthodes d’investigation judiciaire, permettant même aujourd’hui de changer le sens d’une scène de crime, en exploitant nombre d’indices invisibles à l’œil nu. Devenue puissante au point d’exploiter des traces olfactives, elle semblait devoir reléguer les vertus de la logique et l’intuition au second rôle dans la résolution des énigmes criminelles à la télévision. ADN, identification vocale et empreinte papillaire poussaient irrésistiblement à la retraite de nos esprits les Columbo, Hercule Poirot et autres Sherlock Holmes, après une carrière incroyablement bien remplie.

Mobile, opportunité et moyen :
les trois clés d’une jubilation
Et alors qu’on ne l’attendait plus, Richard Poole fut. Telle la lumière, il est apparu pour redonner son charme magique au métier d’enquêteur. Cet indécrottable britannique n’est pourtant pas un hurluberlu déconnecté du monde. Quoique. Il a tout simplement été muté dans la petite île franco-britannique (fictive) de Sainte-Marie. Dans ce cadre idyllique des Antilles, le matériel technique est élémentaire et les laboratoires d’analyse seulement à portée de ferry, c’est-à-dire trop loin pour débloquer rapidement des situations.

Poole est donc contraint, pour son bon plaisir, de revenir aux fondamentaux de son métier – mobile, opportunité et moyen –, et à l’approche psychologique d’une affaire criminelle pour en dénouer l’intrigue, toujours de bon niveau quel que soit l’épisode. Il reprend même le procédé cher à Agatha Christie en réunissant tous les suspects d’une affaire pour sa résolution finale, afin d’en désigner le ou les coupable(s). Un moment que le téléspectateur attend, et qu’il vit avec la même jubilation que met Richard Poole à démontrer que l’assassin a tort de croire que sa seule intelligence, aussi élaborée soit-elle, suffirait à le mettre à l’abri de la justice.
Maniaque et psychorigide
Si cette série est une réussite, c’est parce qu’elle ajoute une dimension imparable au genre policier : l’humour. En effet, Richard Poole ne se départit jamais de sa culture britannique sous les Tropiques. Toujours en costume et son inamovible mallette à la main malgré la chaleur écrasante, maniaque et psychorigide, il ne vit qu’à travers son métier et n’est pas féru des relations sociales. Il est tout le contraire des habitants de l’île, chaleureux et insouciants, et en particulier de son équipe.

Tout d’abord Camille (Sara Martins, Nora dans Détectives), son adjointe française, une femme magnifique et pourtant célibataire au grand dam de sa mère (interprétée par Elisabeth Bourgine), visiblement séduite par Richard Poole et qui a entrepris de le convertir à d’autres pratiques insulaires que celles exclusivement britanniques. Mais également les deux agents en uniforme, Dwayne, qui connaît l’île et ses coutumes mieux que personne (en particulier, ses plus jolies filles…), et Fidel, jeune marié (et même papa) décidé à faire une carrière d’inspecteur.
Impitoyable logique pour la plus belle des émotions
Ce choc des cultures crée souvent des situations humoristiques, par ailleurs bien mieux exploitées dans la saison 2, et on se régale des rapports entre les membres de la petite brigade policière, notamment grâce à la qualité de l’interprétation et du doublage en français de la voix de Ben Miller. Dans cette île située aux confins de son propre imaginaire (la série est tournée en Guadeloupe, à Deshaies), Richard Poole tombe même sur plus britannique que lui : son supérieur hiérarchique et intendant de l’île, Selwyn Patterson, toujours flegmatique face aux ennuis générés par cet inspecteur trublion.

Avec Meurtres au paradis, on croyait être dépaysé par la Gwada, et oubliée l’atrocité des meurtres par un soleil accablant. On a retrouvé l’enquête policière dans la plus pure tradition, dans laquelle la plus impitoyable des logiques procure la plus belle des émotions.
Changement majeur pour la troisième saison
Pour la troisième saison, Ben Miller a choisi d’abandonner son personnage de Richard Poole, ce qui a nous empli de tristesse. Il est remplacé par l’inspecteur Humphrey Goodman (Kris Marshall), un Anglais prêt à s’approprier toutes les bonnes choses des Antilles pour s’intégrer dans cette région : rhum, épices, chemises colorées… Dans la pratique, Goodman est aussi désordonné, brouillon, maladroit et chaleureux que Poole était méticuleux et psychorigide.

Mieux, il s’intègre parfaitement à l’équipe existante, demeurée inchangée (Camille, Dwayne et Fidel), et savourer une bière, une fois l’énigme résolue, dans le restaurant de Madame Bordey Mère. Il peut aller chercher une balle de cricket en plein mer, tout habillé, quand son prédécesseur refuser de lâcher sa mallette pour une balade sur la plage. Il n’en demeure pas moins un génie de l’enquête policière, dénouant régulièrement l’intrigue durant un moment de transe face au traditionnel tableau recensant les indices du meurtre.
Evolution des rapports entre les personnages
L’arrivée de Goodman bouleverse les relations entre les personnages. Au-delà de la relation de camaraderie qui s’installe entre les membres du commissariat de Sainte-Marie, le nouveau chef, fraîchement séparé de sa femme, ne cache pas ses émotions à Camille, toujours poussée par sa mère à convoler en justes gosses, mais peut-être échaudée par la malédiction frappant ses supérieurs.

Fort de ses cours pour monter en grade dans la police, Fidel prend de l’assurance pour éliminer des pistes ou étudier des indices, tandis que Dwayne est plus souvent à l’initiative, quand auparavant, il ne dédaignait jamais se reposer. Quand à Selwyn Patterson, il est toujours présent quand l’affaire a une tournure politique. La qualité maintenue des intrigues et les touches d’humour permettent au téléspectateur d’être patient, et de laisser Goodman capter, sous une forme, la sympathie accordée à l’irritant Poole.
François Simoneschi
Mise en ligne : mardi 31 décembre 2013 / Révision : vendredi 1er août 2014
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Comment regarder
Meurtres au paradis ?
Il n’est pas nécessaire de regarder les épisodes dans l’ordre chronologique, même s’il convient de commencer par le pilote de la série, qui explique l’arrivée de Richard Poole dans l’île antillaise.
Y a-t-il une fin ?
Pour l’instant, non. Une quatrième saison est prévue.
Temps forts et temps faibles
Tous les épisodes sont de qualité au niveau des intrigues, même s’il convient de distinguer Sortilège Vaudou, L’ange-gardien et Le baiser de Judas (saison 1), ainsi que Relooking extrême, Coup de soleil et Charité bien ordonnée (saison 2). Dans la seconde saison, les personnages trouvent davantage leur place les uns par rapport aux autres, et la complicité qui les unit est un régal pour le téléspectateur. Le bouleversement majeur de la saison 3 (Humphrey Goodman remplaçant Richard Poole) était risqué. Le nouvel arrivant et sa relation avec l’ensemble de l’équipe prend progressivement sa place, pour se conclure sur un cliffhanger prometteur. Et les intrigues restent de qualité (en particulier Trouble-fête et Retraite au soleil).
À quel public s’adresse-t-elle ?
Aux amateurs de grands enquêteurs policiers.
Si vous avez aimé, vous pouvez regarder dans le même genre : Hercule Poirot, Cold Case et Columbo.
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Fiche technique de Meurtres au paradis (suite)
Producteurs exécutifs : Tony Jordan, Klaus Zimmerman et Belinda Campbell
Production : Matthew Bird, Tim Key
Distribution
Ben Miller : Richard Poole
Kris Marshall : Humphrey Goodman
Sara Martins : Camille Bordey
Danny John-Jules : Dwayne Myers
Gary Carr : Fidel Best
Élisabeth Bourgine : Catherine Bordey
Don Warrington : Selwyn Patterson
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Épisodes de Meurtres au paradis
Première saison (2011)
1 1.01 Le shérif est mort (Arriving in Paradize)
2 1.02 La mariée était en blanc (Wicked Wedding Night)
3 1.03 Sortilège vaudou (Predicting Murder)
4 1.04 Noces de sang (Missing a Body ?)
5 1.05 L’ange gardien (Spot the Difference)
6 1.06 Dernière plongée (An Unhelpful Aid)
7 1.07 Carnaval de sang (Music of Murder)
8 1.08 Le baiser de Judas (Among Us)
Deuxième saison (2013)
9 2.01 Meurtre à la plantation (A Murder on the plantation)
10 2.02 Faux-semblants (An Unholy Death)
11 2.03 Relooking extrême (Death in the Clinic)
12 2.04 Le Secret du pirate (A Deadly Curse)
13 2.05 Escale fatale (Murder Onboard)
14 2.06 Coup de soleil (A Dash of Sunshine)
15 2.07 Ouragan meurtrier (A Stormy Occurance)
16 2.08 Charité bien ordonnée (A Deadly Party)
Troisième saison (2014)
17 3.01 Trouble-fête (Death of a Detective)
18 3.02 Silence on tue (The Wrong Man)
19 3.03 L’art ou la mort (An Artistic Murder)
20 3.04 Vue du ciel (Ye of Little Faith)
21 3.05 La lettre d’adieu (Political Suicide)
22 3.06 Un oiseau rare (The Early Bird)
23 3.07 Ile Privée (The Man With The Golden Gun)
24 3.08 Retraite au soleil (An Unexpected Arrival)
