SCALP : La Bourse ou la vie
Classification : 3 étoiles
Regardé par le rédacteur : Intégralité de l’unique saison
Amis de longue date, Pierre, Raphaël et Jules sont traders à la Bourse de Paris. Mais le premier disparaît brutalement, laissant à sa femme Alex, d’importantes dettes. Pour elle, la seule chance de s’en sortir est de reprendre le métier de son mari, dans un milieu machiste voué au culte du secret pour de multiples raisons : délits d’initiés, paradis fiscaux, blanchiment d’argent…
Pourquoi voir avec plaisir Scalp ?
Histoire et argent intimement liés
Pour le grand public, la Bourse demeure un monde obscur dont on ne connaît (presque) rien et dont on subit (presque) tout. Il fallait oser réaliser une fiction à la fois instructive et divertissante sur un milieu aussi inhospitalier, dans lequel l’espèce humaine ne semble jamais avoir eu sa place. En s’appuyant sur des personnages attachants en dépit de leurs multiples travers – une bande de copains, tous négociateurs en Bourse -, Scalp amène le téléspectateur à comprendre les mécanismes de décisions des marchés financiers, grâce à une méthode pédagogique parfaitement intégrée au scénario. Avec comme toile de fond, la première Guerre du Golfe, dont le moindre mouvement sur le terrain des combats se répercute immédiatement sur le cours des actions.

Au-delà des méthodes de spéculation et de la compréhension des mouvements du cours des actions, cette minisérie explique surtout comment Histoire et argent sont intimement liés depuis la Nuit des Temps, et pourquoi nombre de négociateurs boursiers sont « victimes » d’une addiction au jeu d’argent. Une démonstration, en somme, peu rassurante pour l’avenir du monde capitaliste…
Une fiction ambitieuse
Tout commence en août 1990. Saddam Hussein envahit le Koweït. Six mois plus tard, au terme d’inutiles tractations jouées d’avance, la guerre est déclarée à la « Quatrième armée du monde »par une alliance des puissances occidentales. Cela provoque un vent de panique en France, où les supermarchés sont dévalisés de leurs sucres, huiles et autres denrées recommandées en abri nucléaire. Pourtant, l’invasion de l’Irak s’arrêtera un mois plus tard, aux portes de Bagdad. Comme prévu.

En France, certains intermédiaires entre les mondes de la Finance et de l’État connaissaient d’avance ce qui allait se passer sur le terrain militaire. Ces informations confidentielles, transmises à l’un des personnages éminents de la Bourse de Paris – en l’occurrence, Chapman (Gérald Laroche) -, permettaient d’anticiper l’évolution des cours du marché… et de réaliser d’énormes bénéfices, pour les négociateurs au courant de ces pseudo-secrets d’États. C’est dans ce contexte particulier que débarque Alex (Laure Marsac), contrainte de prendre la relève de son mari trader, brutalement décédé, pour éponger les énormes dettes qu’elle a héritées de lui.
Les négociateurs boursiers : de grands enfants, victimes du jeu d’argent
Tout en dénonçant les coulisses de la première Guerre du Golfe, Scalp, créée par Xavier Durringer (La source), atteint un objectif encore plus ambitieux : montrer à quel point, et ce depuis la Nuit des Temps, l’argent dicte le cours des grands événements mondiaux. Elle met également en évidence une terrible réalité : les négociateurs en Bourse, ceux-là mêmes qui enrichissent ou mènent à la faillite des entreprises, sont de joueurs-nés, des « victimes » de la première dépendance mise en évidence par la médecine américaine : l’addiction au jeu d’argent. Ils parient, ils misent, ils s’amusent à viser haut, plus qu’ils ne cherchent à faire gagner de l’argent à leurs employeurs. Et sans véritables garde-fous, ils finissent parfois par briser leur propre vie et… celles des employés des entreprises dont ils détiennent.
Une narration stylisée
La misogynie, la guerre entre femmes pour accéder au pouvoir, l’homosexualité, la psychanalyse, l’usage de drogues, l’amitié entre homme et femme, le sens de la parole donnée à la campagne… tous ces sujets sont exprimés sans concession par les personnages de Scalp. Leur sincérité aux accents très latins versent dans l’excès avec justesse et ne masquent pas leurs émotions profondes. Tous les acteurs choisis, habitués des seconds rôles (Eric Savin, Dan Hertzberg, Thomas Jouannet, Bruno Lopez, Annelise Hesme, Anen Charrier), sont remarquables. En particulier, Laure Marsac, l’héroïne de la minisérie, qui interprète parfaitement une femme fragile dans un monde de requins, capable d’aller au bout d’un destin imprévu parce qu’il ne lui reste plus rien d’autre dans sa vie.

Si cette minisérie a montré combien la fiction française était capable de se professionnaliser pour intéresser le public avec des thématiques et des univers propres à notre culture, elle impose aussi une narration stylisée. Ses créateurs ont notamment peaufiné sa mise en scène, le générique, ainsi que l’usage de la musique.
François Simoneschi
Mise en ligne : jeudi 16 janvier 2014 / Révision : jeudi 29 mai 2014
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Comment regarder Scalp ?
Comme pour tout feuilleton, les épisodes de Scalp se regardent dans l’ordre. La qualité des résumés permet de manquer un épisode, à l’exception du dernier (chute de l’histoire).
Y a-t-il une fin ?
Oui. L’intrigue est résolue dans le dernier épisode.
Temps forts et temps faibles
Tous les épisodes sont d’une qualité égale. Il faut toutefois s’accrocher durant le premier épisode, le feuilleton « démarrant » véritablement après vingt minutes lors d’une scène originale au pied du Palais Brongniart à Paris.
À quel public s’adresse-t-elle ?
Malgré un sujet ardu, voire totalement obscur pour le grand public, Scalp ne nécessite aucune connaissance particulière de l’actualité, ni même du monde de la Bourse. Même si ce feuilleton raconte également en filigrane la Guerre du Golfe, il n’en donne que des détails « croustillants », ne manquant jamais d’afficher le ridicule de cette opération militaire.

Si vous avez aimé, vous pouvez regarder dans le même genre : Reporter(s), un autre feuilleton de qualité en huit épisodes produite par Canal+, plongeant également les coulisses d’un monde finalement méconnu en France : le journalisme. Reporter(s) bénéfice notamment de l’interprétation exceptionnelle de Didier Besace, Patrick Bouchitey qui ne joue pas que les comiques).
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Fiche technique de Scalp (suite)
Produit par Bruno Petit, Xavier Durringer
Production : 7ème Apache, Canal +, Be Film
Distribution
Laure Marsac : Alex
Eric Savin : Raphael
Dan Herzberg : Jules
Thomas Jouannet : Pierre
Edouard Montoute : Ziggy
Bruno Lopez : Paul
Annelise Hesme : Laetitia
Luc Florian : Wizard
Anne Charrier : Hélène
Frédéric Maranber : Werren
Jacques Spiesser : David Danin
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Épisodes de Scalp
Unique saison (2008)
1 1.01 Chute libre
2 1.02 Saint-Martin
3 1.03 Peracor
4 1.04 Mr Smith
5 1.05 Argent sale
6 1.06 Golden Girl
7 1.07 Addiction
8 1.08 Manipulation