TOP OF THE LAKE : Intrigue noyée dans la brume

Classification : 0 étoile

Regardé par le rédacteur : 3 premiers épisodes de la saison 1

A 12 ans, Tui découvre qu’elle est enceinte. Elle se sent d’autant plus isolée dans son malheur que seul l’écho semble répondre à sa douleur dans la région lacustre et montagneuse, sauvage à souhait, où elle vit. Même l’interrogatoire par une inspectrice chevronnée dans le domaine de l’enfance ne suffira à la sortir de son mutisme relatif et à élucider cette énigme : qui est le père ? Sa brutale disparition, quelques heures après la première échographie, va déclencher une enquête criminelle au cœur d’une communauté étrange, et finalement bien banale au regard des autres communautés étranges…

Pourquoi éviter Top of the lake ?

Disparition après une tentative de suicide 

A 12 ans, Tui n’a déjà plus de raison de vivre. Comme Nathalie Wood, elle voudrait que l’eau engloutisse à jamais les dernières traces de son passage sur Terre, comme pour mieux noyer son chagrin existentiel. Elle sent que son ventre la martyrise, devine sans doute qu’elle est enceinte. Ce que confirmera rapidement une échographie ordonnée par les autorités locales. Si Tui a été stoppée dans son geste suicidaire, son retour dans sa famille d’origine l’a peut-être définitivement achevée.

Elle disparaît en effet quelques heures plus tard. Cela donne l’occasion à une fille originaire de la région, Robin Griffin, aujourd’hui inspectrice de police spécialisée dans l’enfance dans une grande ville, de se changer les idées en quelque sorte, alors qu’elle rend visite à sa mère atteinte d’un cancer et songe à se séparer de son homme après cinq de fiançailles inabouties.

Beauté des paysages… et c’est tout

Top of the Lake est une fiction centrée sur le déplaisir de vivre, la noirceur de l’existence, et ce qui désunit les êtres, avec une forte tendance à la diatribe anti-masculine. Après un premier épisode suscitant l’intérêt, ce feuilleton, pourtant co-réalisé et co-créée par Jane Campion, et porté par Elisabeth Moss (Mad men) dans le rôle principal, plonge rapidement le téléspectateur dans un ennui profond. Intrigue inexistante, sentiments des personnages prévisibles, rythme assoupissant, jeu des acteurs sans imagination…

Top of the Lake semble se complaire dans un malheur pesant, seulement interrompu par la beauté des paysages avec des effets de brume à peine calqués sur l’esthétique de Twin Peaks, et parfois, ici ou là, une scène étonnante (comme l’ouverture du second épisode).

Une étrange promotion sur Wikipédia

La lenteur de narration a été un art maîtrisé dans The Killing, en réussissant à nous attacher à des personnages finalement tous d’une banalité confondante. Il en est de même, pour la puissance dévastatrice de la violence, exceptionnellement démontrée par Stanley Kubrik dans Orange mécanique.

Dans Top of the Lake, on est loin de ces prestigieuses références, même si l’on a, semble-t-il, voulu nous faire croire le contraire. En effet, avant même la fin de la diffusion de la série sur Arte, un long article de près de 100 000 signes a été mis en ligne sur Wikipédia, agrémenté de 27 notes et 113 références d’articles parus dans le monde entier afin de légitimer sa neutralité. Il expliquait avec force et détails ce qu’il fallait comprendre de la série, combien elle était un évènement dans le monde des séries. Étonnant, non ? Pas du tout, mon cher Pierre.

Tout sauf une coïncidence

Officiellement, c’est l’œuvre d’une amatrice de séries anonyme et experte en traduction d’articles en anglais, qui a terminé l’essentiel de son article fin septembre… c’est-à-dire peu avant le moment où les journalistes écrivent leur sujet pour les hebdomadaires pour des fictions ou émissions programmées début novembre à la télé. Coïncidence curieuse ? On n’a pas vraiment envie de le croire…

Des « as » (been ?) de la communication ont tenté de se faire passer pour des blogueurs amateurs et fanatiques de certains produits dans le secteur de la mode au début du Web communautaire, avant que leur réelle fonction ne soit rapidement démasquée par les internautes. On ose espérer qu’il ne s’agisse pas là d’opérations d’un nouveau genre destinées à promouvoir des fictions télévisuelles et de porter au pinacle de purs produits marketing en instrumentalisant ce bel outil, certes perfectible, qu’est Wikipédia.

François Simoneschi

Mise en ligne : vendredi 10 janvier 2014 / Révision : mercredi 20 août 2014

______________________________________________________________________________________________

Comment regarder Top of the lake ?

Dans l’ordre des épisodes, qui forment un feuilleton.

Y a-t-il une fin ?

Oui.

À quel public s’adresse-t-elle ?

Pas forcément aux fans de la réalisatrice de La leçon de piano, un film magnifique sans lien avec cette minisérie si ce n’est la lenteur de la narration.

Si vous N’avez PAS aimé, vous pouvez regarder dans le même genre : Twin Peaks.

________________________________________________________________________________________________

Fiche technique de Top of the lake (suite)

Musique : Mark Bradshaw, Georgi Kay

Production : Philippa Campbell, Iain Canning et Emile Sherman

Distribution

Elisabeth Moss : Détective Robin Griffin

Peter Mullan : Matt Mitcham

David Wenham : Sergent-détective Al Parker

Thomas M. Wright : Johnno Mitcham

Holly Hunter : G.J

Jacqueline Joe : Tui Mitcham

Robyn Nevin : Jude Griffin

Mirrah Foulkes : Simone

Calvin Tuteao : Turangi

Robyn Malcolm : Anita

________________________________________________________________________________________________

Épisodes de Top of the lake

Unique saison (2013)

1   1.01    Paradis vendus (Pilot)

2   1.02    Recherches (Searchers Lake)

3   1.03    Aux confins de l’univers (The Edge of the Universe)

4   1.04    Sous l’arc-en-ciel (A Rainbow Above Us)

5   1.05    Le Masque du créateur (The Dark Creator)

6   1.06    Pas d’adieux, merci (No Goodbyes Thanks)