LE TRÔNE DE FER : Magic Is Coming
Classification : 4 étoiles
Regardé par le rédacteur : Intégralité des trois premières saisons.
À Westeros, où l’été peut durer plusieurs années et l’hiver toute une vie, sept royaumes, les Sept Couronnes, se partagent le pouvoir. Au sud, à Port-Réal, le roi Robert Baratheon règne sur le Trône de fer, symbole de l’unité des Sept Couronnes qui lui ont fait allégeance. Un peu plus haut sur la carte, Ned Stark gouverne Winterfell qu’il devra bientôt quitter pour rejoindre Port-Réal où Robert lui a demandé d’accepter le poste de Main du roi (l’équivalent de premier ministre). Au nord se dresse le Mur, gigantesque structure de glace fortifiée, qui a été construit pour protéger les Sept Couronnes des Sauvageons venus des régions septentrionales peuplées de Marcheurs Blancs, de géants et de goules.

Pourquoi regarder absolument
Le Trône de fer ?
Au-delà du Mur
L’action se déroule dans ce qui pourrait être l’Europe médiévale. L’usurpation du Trône de fer par les Lannister provoque l’entrée en guerre de plusieurs familles régnantes des Sept Couronnes qui le convoitent elles aussi. Occupées à forger des alliances et à mener des batailles, elles n’ont pas conscience des deux menaces qui s’approchent. Au nord, au-delà du Mur, d’inquiétantes créatures depuis longtemps vaincues et oubliées font route vers le sud et avec elles s’annonce un terrible hiver. À l’est, la jeune Daenerys, fille du roi déchu Aerys II Targaryen, marche vers Port-Réal, bien décidée à récupérer le Trône de fer.
George R. R. Martin, profession : démiurge
S’il faut retenir un nom à propos du Trône de fer, c’est celui de George R. R. Martin qui, dans les années 80, crée La Belle et la Bête, avec Ron Perlman et Linda Hamilton, une des plus belles séries de l’histoire de la télévision. Quand elle prend fin, le producteur-scénariste propose aux patrons de chaînes un bon nombre de projets qui ne sont pas retenus. Il s’éloigne alors d’Hollywood et se met à l’écriture d’une gigantesque saga, A Song of Ice and Fire, qui comptera, quand il l’aura achevée, sept tomes volumineux. Cet immense succès de librairie devient un immense succès télévisuel sous le titre de Game of Thrones (Le Trône de fer en français) et enthousiasme les foules comme jamais depuis X-Files.
Ce qui est mort ne saurait mourir
On pense évidemment au Seigneur des Anneaux mais ce serait faire un mauvais procès au Trône de fer que de le comparer à l’œuvre de Tolkien et à son adaptation par Peter Jackson. Le petit écran n’enlève rien à la puissance du récit grâce à la qualité plastique des images et à la mise en scène qui jouent parfaitement avec le format du feuilleton. On voit mal comment le cinéma aurait pu explorer et exploiter l’univers de George R. R. Martin.
Le Trône de fer n’a que peu à voir avec Le Seigneur des Anneaux dans la mesure où la violence de ce monde qui n’est pas encore sorti de l’obscurantisme n’est pas contrebalancée par le recours au merveilleux, à des magiciens bienveillants ni à de petits êtres sympathiques aux pieds poilus. La magie, presque inconnue à Westeros, semble avoir disparu depuis des temps immémoriaux. Et quand elle fait son retour, très lentement, presque insidieusement, c’est rarement pour le bien commun. C’est pour cela que le sujet est tabou. Les habitants des Sept Couronnes n’y font allusion que très rarement, un peu comme un secret de famille honteux qu’on préfère ignorer plutôt que l’affronter.
Une épopée sombre, nerveuse, violente
En vérité, Le Trône de fer est une épopée sombre, nerveuse, violente mais non dénuée d’humour. Là où les personnages de Tolkien faisaient preuve d’une chasteté débridée, ceux du Trône s’adonnent au sexe avec volupté, même si ce genre de scènes, qui servent toujours le récit, se font rare à l’écran. Rien à voir donc avec ce que filment les caméras racoleuses de Rome ou de True Blood, deux autres séries HBO, car Le Trône de fer n’a nullement besoin de ce genre de béquille pour rendre son récit palpitant. Nous montrer la reine Cersei et son frère Jaime pratiquer l’inceste est capital car de cette relation découlent les terribles événements qui vont constituer le cœur de l’intrigue.

Le Trône de Fer fait bien plus que tuer ses personnages
Si George R. R. Martin ne fait aucun cadeau à ses personnages, c’est pour mieux faire passer ses messages. L’accession au trône de Joffrey Lannister, jeune fils de Cersei, libère ses accès de cruauté envers sa promise, Sansa Stark, qu’il fait régulièrement battre par ses gardes. Inutile d’être grand clerc pour comprendre que Martin s’interroge sur la corrélation, dans notre société, entre la sacralisation de l’enfant roi et le nombre croissant d’adultes tyrans. Le long voyage de retour vers Westeros entrepris par Daenerys Targaryen s’apparente à une quête, une quête si éprouvante qu’elle risque bien d’en perdre l’objet.
Le romancier ne s’amuse pas tant que cela à manipuler ses personnages et en tout cas ne le fait-il pas pour affoler les ventes de ses livres ni les courbes d’audience. Les tortures, surtout morales, qu’il leur inflige sont le miroir effroyable de nos propres déconvenues. Coupez la main d’un bretteur émérite qui tire sa fierté de ses victoires au combat, et vous faites bien plus que le tuer.

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Rien n’est sacré
L’enchevêtrement des intrigues et la multitude de personnages, qui peuvent déconcerter de prime abord, offrent un vivier inépuisable. Si la mécanique n’est pas nouvelle, Martin la pervertit en aménageant de nombreux effets de surprise, et notamment les coups de théâtre relativement inédits du neuvième épisode des première et troisième saisons. Son message : rien n’est sacré. Il s’ingénie à nous surprendre en laissant entrevoir de ses personnages des facettes qu’on ne leur soupçonnait pas. Vous détestez Jaime Lannister, ce bellâtre arrogant et prétentieux ? Vous allez finir par l’apprécier quand, contraint à un étonnant voyage sous la garde de Brienne de Torth dont il moque le physique hommasse, vous le verrez perdre de sa superbe, gagner en maturité et en sagesse.

Sublime Tyrion
Mais le personnage le plus fascinant de cette épopée, c’est le frère de Jaime et de Cersei, Tyrion Lannister. La reine le méprise à cause de sa petite taille. Or, la force du Trône de fer consistant à dépasser les apparences, Tyrion n’agit pas comme on l’attendrait d’un nain dans ce genre de récits. Grâce en soit rendue à George R. R. Martin (qui coproduit la série et qui s’est réservé par contrat l’écriture d’un épisode par saison) et aux scénaristes David Benioff et D.B. Weiss. Tyrion n’est pas une victime malgré le traitement humiliant que lui réservent sa sœur et son père, Tywin. Il sait rendre les coups et louvoyer en usant de sa taille, d’humour et d’autodérision comme des armes. Il boit, il bâfre, il baise, il éructe, il gueule et il est l’auteur à ce titre de répliques aussi savoureuses qu’incisives.
Finalement, hormis son apparence, c’est un personnage que rien ne distingue des autres. Sauf qu’il cultive ses traits antipathiques pour mieux parvenir à ses fins. Car Tyrion est un homme bon, c’est même le seul personnage véritablement humain de la série. Intelligent jusqu’à en être redoutable, ses ennemis ne se méfient de lui qu’au moment où les mâchoires du piège qu’il leur a tendu se referment sur eux, c’est-à-dire trop tard. Tyrion a trouvé en Peter Dinklage son parfait interprète. Petit à petit, il se révèle être le personnage central de la série. Il l’était même depuis le début mais nous ne le savions pas. Et c’est en cela que Le Trône de fer, qui nous incite en toute occasion à jeter un œil au-delà du mur, est sublime.
Christophe Petit
Mise en ligne : mercredi 8 janvier 2014 / Révision : samedi 10 mai 2014
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Comment regarder Le Trône de fer ?
Il s’agit d’un feuilleton. Il faut donc en voir les épisodes dans l’ordre et n’en manquer aucun au risque d’être totalement perdu. Il n’est pas recommandé non plus d’aller se faire un sandwich pendant un épisode au risque d’en rater un moment-clef.
Temps forts et temps faibles de la série
Aucun temps faible. L’action est soutenue et la mise en image de ce monde fictif nerveuse.
Les épisodes remarquables à ne pas manquer
Ils sont tous à voir mais les suivants sont particulièrement réussis :
1re saison : Baelor (épisode 9) et en particulier la scène finale.
3e saison : Les pluies de Castamere (épisode 9).
En règle générale, le neuvième épisode de chaque saison est le théâtre d’événements qui font basculer le destin de nombreux personnages.

À quel public s’adresse-t-elle ?
Aux amateurs d’heroic fantasy et à ceux que les grandes épopées font rêver. Cependant, Le Trône de fer, qui fait la part belle aux personnages au détriment de scènes sanguinolentes et de sexe, n’est décidément pas fait pour un public de plus en plus friand de gore et d’orgies.
Si vous avez aimé, vous pouvez regarder dans le même genre :
Rien, car la télévision n’a jamais produit quoi que ce soit qui ressemble au Trône de fer !
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Où voir Le Trône de fer ?
À la télé : En première fenêtre sur OCS City – Génération HBO ; en deuxième fenêtre, sur Canal + ; et enfin sur D8.
DVD : Les trois premières saisons sont disponibles en DVD et Blu-ray.
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Fiche technique de Le Trône de fer
Producteurs exécutifs : David Benioff, D.B. Weiss, Frank Doelger, Carolyn Strauss.
Musique du générique : Ramin Djawadi.
Production : HBO, Television 360, Grok! Television, Generator Entertainment, Bighead Littlehead, Embassy Films.
Distribution
Afin de ne pas ôter leur force aux effets de surprise, nous ne donnons pas les saisons dans lesquels les personnages apparaissent.
Peter Dinklage : Tyrion Lannister
Sean Bean : Eddard Stark (Ned)
Mark Addy : Le roi Robert Baratheon
Michelle Fairley : Catelyn Stark
Lena Headey : La reine Cersei Lannister
Nikolaj Coster-Waldau : Ser Jaime Lannister
Emilia Clarke : Daenerys Targaryen
Aidan Gillen : Petyr Baelish (Littlefinger)
Iain Glen : Ser Jorah Mormont
Kit Harington : Jon Snow
Sophie Turner : Sansa Stark
Maisie Williams : Arya Stark
Richard Madden : Robb Stark
Alfie Allen : Theon Greyjoy
Isaac Hempstead-Wright : Bran Stark
Jack Gleeson : Joffrey Baratheon
Rory McCann : Sandor Clegane (La Montagne)
Harry Lloyd : Viserys Targaryen
Jason Momoa : Khal Drogo
Liam Cunningham : Ser Davos Seaworth
John Bradley : Samwell Tarly
Natalie Dormer : Margaery Tyrell
Stephen Dillane : Stannis Baratheon
Carice van Houten : Melisandre
James Cosmo : Jeor Mormont
Jerome Flynn : Bronn
Conleth Hill : Lord Varys
Sibel Kekilli : Shae
Kristian Nairn : Hodor
Charles Dance: Tywin Lannister
Joe Dempsie : Gendry
Mark Stanley : Grenn
Donald Sumpter : Mestre Luwin
Ian McElhinney : Barristan Selmy
Gwendoline Christie : Brienne de Torth
Diana Rigg : Olenna Tyrell
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Épisodes du Trône de Fer
Première saison (2011)
1 1.01 L’hiver vient (Winter Is coming)
2 1.02 La route royale (The Kingsroad)
3 1.03 Lord Snow (Lord Snow)
4 1.04 Infirmes, bâtards et choses brisées (Cripples, Bastards and Broken Things)
5 1.05 Le loupe et le Lion (The Wolf and the Lion)
6 1.06 Une couronne d’or (A Golden Crown)
7 1.07 Gagner ou mourir (You Win or You Die)
8 1.08 Frapper d’estoc (The Pointy End)
9 1.09 Baelor (Baelor)
10 1.10 De feu et de sang (Fire and Blood)
Deuxième saison (2012)
11 2.01 Le Nord se souvient (The North Remembers)
12 2.02 Les contrées nocturnes (The Night Lands)
13 2.03 Ce qui est mort ne saurait mourir (What Is Dead May Never Die)
14 2.04 Le Jardin des os (Garden of Bones)
15 2.05 Le fantôme d’Harrenhal (The Ghost of Harrenhal)
16 2.06 Les anciens et les nouveaux dieux (The Old Gods and the New)
17 2.07 Un homme sans honneur (A Man Without Honor)
18 2.08 Le prince de Winterfell (The Prince of Winterfell)
19 2.09 La Néra (Blackwater)
20 2.10 Valar Morghulis (Valar Morghulis)
Troisième saison (2013)
21 3.01 Valar Dohaeris (Valar Dohaeris)
22 3.02 Noires ailes, noires nouvelles (Dark Wings, Dark Words)
23 3.03 Les Immaculés (Walk of Punishment)
24 3.04 Voici que son tour de garde est fini (And Now His Watch Is Ended)
25 3.05 Baisée par le feu (Kissed by Fire)
26 3.06 L’ascension (The Climb)
27 3.07 L’ours et la belle (The Bear and the Maiden Fair)
28 3.08 Les Puînés (Second Sons)
29 3.09 Les pluies de Castamere (The Rains of Castamere)
30 3.10 Mhysa (Mhysa)
