LIFE ON MARS (UK) : Voyage au plus profond de l’âme
Classification : 4 étoiles
Regardé par le rédacteur : Intégrale
À la suite d’un grave accident, Sam Tyler, commissaire principal à Manchester, se retrouve projeté 33 ans en arrière, en 1973. Il ne sait pas s’il est devenu fou, s’il est dans le coma ou s’il a voyagé dans le temps. Life on Mars, l’une des séries les plus singulières jamais créées, va répondre à ce questionnement de façon magistrale.
Pourquoi regarder absolument
Life on Mars ?
Y a-t-il de la vie sur Mars ?
Manchester, 2006. Sam Tyler, commissaire principal, est confronté à Colin Raimes, un redoutable serial killer, qu’il pense avoir confondu. Il est cependant obligé de le relâcher, en raison d’un alibi en béton pour l’un des meurtres qui lui sont attribués. Sa compagne, Maya, n’admet pas cette fatalité, prend une initiative personnelle et file le suspect une fois libéré. Au moment où elle avertit Sam, elle est kidnappée, et risque d’être assassinée dans les trente heures, comme les autres victimes déjà recensées…

Choqué par cet enlèvement en direct, Sam Tyler part dans son 4×4, externalise sa colère et son impuissance au volant. Il s’arrête, sort de son Jeep, tandis que le lecteur MP3 joue Life on Mars. Il est alors brutalement fauché par un véhicule. Lorsqu’il se relève, il entend toujours la chanson de Bowie, cette fois diffusé par un autoradio. Il est en 1973. Il ne sait pas s’il est devenu fou, s’il est dans le coma ou s’il a voyagé dans le temps. Life on Mars, l’une des séries les plus singulières jamais créées, va répondre à ce questionnement de façon magistrale.
L’intimidation pour lutter contre le crime
À travers les documents restés dans sa voiture, Sam Tyler (John Simm) découvre qu’il a été transféré dans la division Hyde 2612, occupant, 33 ans plus tard, les mêmes bureaux que son ancien service. Il rejoint l’équipe d’enquêteurs comme simple commissaire, sous les ordres de Gene Hunt (Philip Glenister), en affirmant haut et fort qu’il vient du futur… Chacun s’accommode de cette version irréaliste, puisque Sam est censé reprendre du service après un grave accident et peut se montrer légitimement troublé. D’autant plus que le nouveau venu va d’emblée s’intégrer dans le groupe en s’intéressant à l’affaire en cours. Il s’agit en effet d’un meurtre de femme, commis selon le même processus attribué à Colin Raimes et sur le lieu même de l’enlèvement de Maya…

S’il peut au moins se rattacher à ce point commun aux deux mondes entre lesquels il a voyagé, il doit reconsidérer la façon de pratiquer son métier de policier. En 1973, on était un bon flic si on savait intimider les suspects, accepter de quitter le cadre légal pour le bienfait de l’enquête, et agir plutôt que réfléchir. On ne disposait pas de techniques modernes d’investigation. Il fallait alors attendre quinze jours pour recevoir le résultat d’analyses d’empreintes digitales de la part de Scotland Yard. Inspecter la scène de crime, sécuriser le périmètre, s’entretenir avec un témoin dans l’intimité de son domicile plutôt que de chercher à le déstabiliser en l’emmenant au commissariat, enregistrer un interrogatoire – même sur un magnétophone à cassettes – pour révéler les contradictions, élaborer le scénario de crime autrement que par des intuitions valant parfois paroles de comptoir… Sam Tyler aura fort à faire pour importer les méthodologies anticriminelles de 2006 et convaincre un monde policier incrédule que le cauchemar peut être évité par l’analyse plutôt que par l’aveu forcé.
Gene sans gêne
Dans la division Hyde 2612, les confrères de Sam sont des flics d’époque. Gene Hunt, le patron, à qui il faut reconnaître un certain flair, est un être brutal, à la baffe facile (quel que soit le provocateur) et jamais avare en bonne formule. « Heureusement que tu n’es pas Pinocchio, tu m’aurais transpercé l’œil ! », affirme-t-il à un suspect mentant sans vergogne face à lui. Ou encore : « Je veux qu’on lui mette sur le dos toutes les affaires irrésolues de Manchester, même si elles ont eu lieu au siècle dernier ! », crie-t-il à son équipe, à propos d’un suspect qu’il ne parvient pas à coincer légalement. Ou encore, avec sa délicatesse légendaire : « Si jamais nos suspects lâchent un pet en ville, nos indics doivent savoir de quel derrière il provient ! ». Constituer de fausses preuves, à partir d’éléments de précédentes enquêtes, ne le gêne pas outre mesure.

Il est cependant généreux et loyal, et éprouve une réelle et indéfectible sympathie pour Sam. La preuve : il le rudoie sans cesse. Tous deux forment un duo extrêmement drôle, avec Hunt dans le rôle de l’auguste, outrancier et désordonné, qui renverse tout ce qui se met en travers de sa route, et Sam dans celui du clown blanc, personnage sérieux et rationnel qui encaisse les coups et en a de génie. La combinaison de leurs méthodes antinomiques s’avère payante, puisqu’ils choisissent toujours à bon escient de passer en force ou avec subtilité selon le cas criminel.
Annie, la lumière de Sam
Les autres membres de l’équipe ajoutent du piment à leur relation. Chris Skelton, d’une naïveté confondante, est un élève assidu des méthodes de Sam Tyler, et se montre son plus fidèle assistant. Au contraire de Ray Carling, qui n’a que défiance à proposer au nouveau commissaire, lui qui briguait une place meilleure au sein du commissariat avant son arrivée, même s’il ne se met jamais en travers de l’intérêt commun de l’enquête.

Quant à Annie (Liz White), elle est la lumière de Sam dans cet incroyable tunnel qu’il traverse durant son existence. Étudiante en psychologie, et grâce à un charme discret et une patience éblouissante, elle parvient à se faire une place, et même à monter en grade dans un univers macho. Elle va s’avérer incontournable pour permettre à Sam de comprendre ce qu’il est venu faire en 1973, l’année où il était âgé de 4 ans.
« C’était mieux avant »
Série-feuilleton mythique pour tous ceux qui ont la chance de la découvrir (car les chaînes de télévision ont toujours diffusé ce chef d’œuvre en catimini), Life on Mars propose une intrigue de fond ébouriffante, avec un suspense parfaitement entretenu et une vraie fin. Mieux, le dernier épisode de la première saison explique les images furtives tournant en boucle dans la mémoire de Sam Tyler et la conclusion est digne d’un scénario de Leone (réalisateur auquel il est plusieurs fois fait référence dans la série). L’équilibre entre enquête résolue dans l’épisode et intrigue de fond est un modèle du genre, tout comme le générique.

Au-delà d’être une fiction drôle et captivante avec des personnages étonnants, et du plaisir qu’elle procure en nous plongeant dans l’ambiance insouciante du début des années 70 (en particulier, au niveau musical), Life on Mars répond subtilement à ceux qui pensent – et penseront toujours – que « c’était mieux avant ». Il suffit de constater, au fil des histoires, combien, en 1973, le machisme était considéré comme une fonction naturelle masculine, les conditions de vie et de travail des ouvriers étaient éprouvantes (Le pari) ou les gens de couleur devaient s’auto-flageller pour ne pas être rejetés (La chasse aux ripoux), pour s’assurer que notre civilisation, bien qu’incroyablement perfectible, a progressé.
Une pure production Kudos Film and Television
Life on Mars ouvre aussi sur une intéressante interrogation, sans jamais certifier qu’il s’agit bien de la réponse aux interrogations de Sam : où vagabonde réellement notre esprit lorsque notre corps est plongé dans le coma ? Et joue astucieusement avec certains codes de narration, comme celui des esprits voyageurs, en envoyant des paroles dites en 2006 à travers les ondes de radio ou de télévision.

Imaginée par Tony Jordan (créateur des Arnaqueurs VIP), Matthew Graham et Ashley Pharaoh, Life on Mars est une pure production Kudos Film and Television, une maison britannique qui a généré nombre d’œuvres originales (MI-5, State of Play, etc.), en réinventant des genres et sans jamais faire la saison de trop. C’est LA série qui fera aimer les séries télévisées à ceux qui ne connaissent pas ce genre de fictions, par son universalité, sa créativité ainsi que son format court et dense.
François Simoneschi
Mise en ligne : jeudi 12 juin 2014 / Révision : dimanche 14 septembre 2014
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Comment regarder Life on Mars ?
Il faut absolument regarder le premier épisode qui montre les circonstances de l’accident qui projette Sam Tyler 33 ans en arrière et comment est perçu son arrivée en 1973.
Y a-t-il une fin ?
Oui, lors d’un épisode exceptionnellement plus long que les autres, et qui joue merveilleusement avec les différentes possibilités de fin. L’une des meilleures conclusions de série.
Les auteurs de Life on Mars ont réalisé un spin-off de leur œuvre originale, Ashes to Ashes, qui se déroule dans les années 80, toujours avec Philip Glenister en commissaire principal, pour l’accueillir dans l’autre monde. Cette série n’a malheureusement pas été diffusée en France.
Par ailleurs, Life on Mars a subi un remake américain, complètement raté, et ce, dès le casting, ne correspondant pas aux profils des personnages définis dans la série originale.

Temps forts et temps faibles
Tous les épisodes, à l’exception (peut-être) de Compte à rebours, sont d’une qualité exceptionnelle. Dans la seconde saison, les intrigues policières gagnent en ingéniosité.
L’imagination des scénaristes explore parfaitement l’univers qu’ils ont créé, tout autant les retrouvailles de Sam avec les lieux et personnages de son passé, que les différences entre les méthodes de travail policières de la division Hyde 2612 et celles contemporaines, ou encore les caractéristiques du mode de vie des années 70.
C’est aussi une série qui a su s’arrêter à temps, sans vouloir durer plus que de raison (alors que le succès public était encore au rendez-vous). Ce qui en fait une fiction dense qu’on ne se lasse de voir et revoir à quelques années d’intervalle, avec une interprétation qui varie en fonction de son expérience de la vie.
À quel public s’adresse-t-elle ?
À ceux qui n’ont jamais vu (ou presque) de séries télévisées, et qui veulent démarrer dans le genre. Et à ceux qui ont « tout vu » dans les séries, et qui veulent encore être étonnés par une fiction hors normes.

Si vous avez aimé, vous pouvez regarder dans le même genre : Nombre de séries Kudos Film and Television, dont State of Play (avec les deux acteurs principaux de Life on Mars), Les arnaqueurs VIP (dont le créateur est Tony Jordan), MI-5, Broadchurch ou The Hour.
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Où regarder Life on Mars ?
DVD : L’intégralité de la série est disponible chez Koba Films.
VOD : L’intégralité de la série est disponible sur Canal Play.
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Fiche technique de Life on Mars (suite)
Producteurs exécutifs : Jane Featherstone, Mathew Graham et Claire Parker
Musique : Edmund Butt
Production : Kudos Film and Television

Distribution
John Simm : Sam Tyler
Philip Glenister : Gene Hunt
Liz White : Annie Cartwright
Dean Andrews : Ray Carling
Marshall Lancaster : Chris Skelton
Tony Marshall : Nelson (barman)
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Épisodes de Life on Mars
Dans la série originale, les épisodes n’ont pas de titre et sont numérotés de 1 à 8.
Première saison (2006)
1 1.01 Bienvenue en 73
2 1.02 La Loi selon mon boss
3 1.03 Le pari
4 1.04 Corruption
5 1.05 Rouge un jour, rouge toujours
6 1.06 Compte à rebours
7 1.07 Cas de conscience
8 1.08 Mon père

Deuxième saison (2007)
9 2.01 Meurtrier en puissance
10 2.02 La chasse aux ripoux
11 2.03 Peur sur la ville
12 2.04 Pièges pour jeunes femmes
13 2.05 Kidnapping
14 2.06 Héroïne
15 2.07 Recherche du coupable
16 2.08 La promesse