REAL HUMANS : Barbie et Ken au Pays des Soviets
Classification : 1 étoile
Regardé par le rédacteur : Les huit premiers épisodes de la saison 1
Dans un avenir proche, humains et robots, qu’il est parfois malaisé de distinguer d’êtres de chair tant ils sont parfaitement construits à leur image, cohabitent paisiblement. Une fraction de machines vient de réussir à s’émanciper du pouvoir de leurs propriétaires et veulent rendre leur liberté à leurs congénères. Un feuilleton avant-gardiste 100% conformiste et consensuel.
Pourquoi se méfier de Real Humans ?
Robots, reflets des hommes
Royaume de Suède, dans quelques années, ou dans quelques décennies tout au plus. L’homme a réussi à construire des robots à son image. D’une part, sur le plan physique. On peut encore distinguer les machines des êtres de sang par leur regard, apparaissant comme emprisonné derrière des lentilles, et leur visage en latex, à l’effigie (criante) de Barbie et Ken. Mais pas toujours. Tout dépend du degré d’avancement de la machine.
D’autre part, sur le plan psychologique. Ces robots ou Hubots commencent à raisonner comme des êtres humains, leur empruntant des sentiments tels que la jalousie ou des attitudes mystiques comme la croyance en Dieu.
Parfaitement intégrés dans la société, ils réalisent les tâches les plus ingrates, répétitives ou dangereuses destinées à faire tourner la planète. Ils ont la confiance des êtres vivants, puisque ces derniers leur confient ce qu’ils ont plus précieux : enfants, parents et maison. Cette vision positive du progrès va changer.

Transition ou révolution ?
La famille Engman est emblématique de ce nouveau changement de civilisation, que le commun des mortels ne perçoit encore que furtivement. Elle utilise Odi, un Hubot « ancienne génération » pour s’occuper du grand-père à domicile. Le robot « bugue » en plein supermarché, ce qui nécessite son remplacement immédiat, avec une incontournable mise à la casse. Un acte rendu obligatoire par la loi, auquel le grand-père ne peut se résoudre, même quand on lui propose une réplique de la parfaite ménagère, tant il s’est attaché à Odi.
La mère n’est pas plus encline à remettre une vie humaine entre les mains plastifiées d’un programme informatique évolué. Le fils ne dispose guère de plus de repères dans cet univers qui revendique tout ce qui est « 100% humain ». A l’âge où la sexualité entre dans ses fonctions vitales, il hésite à vivre l’expérience de la chair avec une fille ou une Hubot. D’autant qu’on leur a offert, en promotion avec la ménagère, une humanoïde dont la beauté est capable de faire fondre les plombs à tout humain normalement constitué.

Code source mystérieux
Quant au père, il pense que le sentiment de travail à la chaîne, quelquefois imposé par la vie de famille, pouvait être réduit à la portion congrue grâce à l’usage mesuré de ces forçats du quotidien.
Devant cette invasion pour l’instant pacifiste, quelques hommes cherchent à se mobiliser, en imaginant le recours à la violence. Parfois, parce que leur femme est partie vivre avec un Hubot, plus jeune et vigoureux… Ils anticipent le pire, qui est déjà en marche. En effet, un petit groupe de Hubots s’est libéré de la tyrannie du joug humain. Grâce à un mystérieux code source intégré dans leur carcasse qui, s’il se propageait à tous les humanoïdes, pourrait changer la face du monde…

La condition d’une machine
Présentée comme une série posant des questions existentielles sur la cohabitation entre humains et robots, Real Humans est une fiction 100% conformiste et consensuelle. Certes, le premier épisode capte l’attention, en introduisant des groupes étranges de personnages amenés à croiser leur destin. Très rapidement, on s’ennuie.
Sans la moindre surprise, et avec une autodérision limitée, elle traite de l’aspiration des machines à avoir une vie normale et de celle des humains à préférer un compagnon qui leur obéit au doigt (le déconnectant en cas d’insubordination) et à l’œil (séduit par leur plastique). Cela vire même à la caricature quand on compare la considération des robots à celle des « indigènes » au siècle dernier.

Simulation bluffante
Quant à l’intrigue, bien lancée par la scène d’ouverture, elle prend l’eau, trop brouillonne dans son développement, manque de souffle dans sa dramaturgie et ne joue finalement que sur la capacité à pouvoir distinguer qui sont les Hubots des humains, ou encore des créatures hybrides conçues entre chair et métal. Seule véritable réussite : la façon bluffante dont ce feuilleton simule des robots à partir d’authentiques acteurs.
François Simoneschi
Mise en ligne : samedi 21 juin 2014 / Révision : samedi 21 juin 2014
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Comment regarder Real Humans ?
Il s’agit d’un feuilleton. Les épisodes se regardent dans l’ordre.

Y a-t-il une fin ?
Non. Une troisième saison a été commandée par la chaîne de télévision SVT1. Elle ne sera pas diffusée en Suède avant 2015.
À quel public s’adresse-t-elle ?
A un public peu connaisseur de science-fiction.
Si vous avez aimé, vous pouvez regarder dans le même genre : Black Mirror, une anticipation de notre vie d’après-demain, s’interrogeant plus finement sur des questions (vraiment) existentielles.
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Fiche technique de Real Humans (suite)
Produit par Stefan Baron et Henrik Widman
Musique : Rikard Borggård
Distribution
Pia Halvorsen : Inger Engman
Lisette Pagler : Mimi / Anita
Johan Paulsen : Hans Engman
Kåre Hedebrant : Tobias Engman
Natalie Minnevik : Matilda Engman
Aline Palmstierna : Sofia Engman
Sten Elfström : Lennart Sollberg
Alexander Stocks : Odi
Anki Larsson : Vera
Leif Andrée : Roger Larsson
Jimmy Lindström : Malte Koljonen
Fredrik Silbersky : Kevin
Andreas Wilson : Leo Eischer
Marie Robertson : Beatrice Novak
Eva Röse : Niska
David Lenneman : Fred
André Sjöberg : Gordon
Josephine Alhanko : Flash / Florentine
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Épisodes de Real Humans
Première saison (2012)
Les épisodes sont numérotés de 1 à 10.
Deuxième saison (2013)
Les épisodes sont numérotés de 1 à 10.